Le Café au Mexique

CONTEXTE
Il y a 15 Etats producteurs. Le café est principalement cultivé sur les pentes des montagnes du centre et du sud du pays à l'ombre des bosquets. L'Etat de Chiapas, dans le sud du pays, est le principal producteur avec 41,0% du volume national, suivi de Veracruz (24,0%) et de Puebla (15,3%).
La production de café emploie plus de 500 000 producteurs issus de 480 municipalités. Pour la période 2018-2019, on estime que le volume de production sera de 4 millions de sacs, soit 5,8% de plus que l'année précédente. L'objectif est d'accroître la productivité de manière concurrentielle du secteur du café à 4,5 millions de sacs (60 kg) et, d'ici 2030, de parvenir à une récolte durable de 15 millions de sacs.
Le Mexique est en outre l'un des principaux pays producteurs de café biologique au monde. Il alloue 3,24% de la superficie totale cultivée et exporte 28 000 tonnes.
Au cours de la dernière décennie, la production et les prix ont considérablement diminué, principalement en raison de la maladie de la rouille du caféier qui attaque et fait tomber ses feuilles. La défoliation empêche la photosynthèse nécessaire à la vie de l'arbre et à la production de fruits. Suite à l'épidémie qui a durement frappé le pays entre 2012 et 2014, le Mexique a perdu cinq places sur la liste mondiale des pays producteurs de café.
La rouille n'est cependant pas le seul ou le principal problème des producteurs de café. Les plantes sont également trop âgées, de plus de 20 ou 30 ans, et doivent être remplacées. Mais l'investissement est minime, notamment dans les villages pauvres et isolés, traditionnellement producteurs, où il y a peu d'accès à la technologie et où s'appliquent encore des méthodes de culture très anciennes.
Depuis 2015, le niveau de production a augmenté après la plantation de nouvelles variétés d'arabica hybrides et de robusta, plus résistantes aux maladies et aux effets climatiques que les variétés traditionnelles.
En 2016, 56,3% de la production nationale était de type arabica contre 43,7% de robusta. Le pays a ainsi triplé la production de café robusta de 200 000 à 750 000 sacs de 60 kilos pour la récolte 2017-2018.
Parallèlement, le Mexique est devenu un importateur net. De 1992 à 2016, le pays a multiplié par 10 ses importations de robusta afin de produire du café soluble, dont la consommation est encore la plus élevée. Actuellement, chaque habitant consomme en moyenne 1,4 kg de café (moulu ou soluble) par an.
Plus de 280 000 producteurs participent à la production de café. Ce sont principalement des petits exploitants et des populations autochtones vivant dans des zones marginalisées, regroupées dans différentes organisations à caractère local et régional. Au Mexique, 85% des producteurs de café sont des petits exploitants, car ils n’ont pas plus de deux hectares à cultiver. Ils appartiennent à 25 groupes ethniques différents, répartis dans 480 municipalités de 15 États du centre et du sud.
RÉGIONS DE PRODUCTION

Au Mexique, il y a 15 États producteurs de café. Dans le sud du pays, Chiapas est le principal État producteur avec 41,0% du volume national, suivi de Veracruz (24,0%) et de Puebla (15,3%).
UN PEU D'HISTOIRE
Le café des Antilles arrivé au Mexique en 1790 serait entré directement par Veracruz. C'est là qu'il a commencé à être commercialement produit et exporté pour la première fois en 1802. Juan Antonio Gómez fut responsable de l'intensification de la culture dans cet État en 1817 .
À la fin du XVIIIe siècle, la culture du café commença de telle sorte qu'en 1826, il y avait un demi-million de plantes. En 1846, des caféiers ont été importés pour la troisième fois depuis San Pablo (Guatemala) à la région de Soconusco (Chiapas). Puis la troisième source de diffusion a été trouvée en 1828 à Uruapan (Michoacán), avec des plantes rapportées de Moka (Arabie saoudite). Il ne fait aucun doute que la culture s'est répandue au cours de la première moitié du XIXe siècle, principalement à Veracruz, Chiapas, Tabasco et Michoacan.
Au début du 20e siècle, la production nationale de café a été affectée par la révolution mexicaine de 1910, qui a entraîné un effondrement de la production en raison de l'abandon des plantations. Par la suite, la production s’améliora dans les années trente.
Cette reprise de la production a amené les autorités à concevoir des politiques visant à améliorer les plantations de café sur le territoire national. L’Institut mexicain du café (INMECAFE) a été créé en 1958 avec pour objectif principal de promouvoir et de diffuser des systèmes de culture, de transformation et d’industrialisation plus adéquats.
Avec la disparition de l'Institut Mexicain du Café en 1989, le prix du café s'est retrouvé soumis au libre marché. Or le gouvernement fédéral n'a pas créé les instances qui, en l'absence de l'institut, protégeaient le secteur. La suspension du système de quotas a provoqué de graves problèmes de liquidité pour les exportateurs. Au moment de la baisse des prix, leurs entrepôts étaient pleins. Lorsqu'ils ont été obligés de vendre le café vert à des prix inférieurs de 30 à 40%, un grand nombre de bénéficiaires se sont retrouvés sans capital et ont dû mettre la clé sous la porte.
Les stations de préparation ont été abandonnées, les fermes ont été vendues et de nombreux producteurs ou acteurs de l'industrie sont allés aux États-Unis pour travailler et obtenir un meilleur salaire. Certains sont revenus quelques années plus tard. D'autres sont restés loin de leurs familles et de la tradition du café.
L' histoire se répète et il en est de même aujourd'hui avec les jeunes à la recherche d'un avenir meilleur loin de leur terre d'origine.
VARIÉTÉS
Parmi les principales variétés cultivées de Coffea arabica au Mexique, on trouve:
- Typica ou criollo ;
- Bourbon des Caraïbes;
- Maragogype, qui possède l'un des plus grands grains au monde et provient d'une mutation trouvée au Brésil;
- Caturra, une évolution de Bourbon;
- Pluma Hidalgo, une tropicalisation du typica cultivé dans les zones montagneuses de Oaxaca;
- Garnica, variété développée à Veracruz à partir du croisement d'un mundo novo et d'un caturra;
- Garien, une variété issue d'une mutation spontanée au Mexique provenant d'un garnica de petite taille;
- Catimores (hybrides Caturra + hybride Timor) pouvant présenter une bonne qualité de tasse avec une certaine résistance à la rouille du caféier.
Des variétés telles que Oro Azteca, Costa Rica, Castillo (Colombie), Marsellesa, entre autres, représentent aujourd'hui une partie importante du parc caféier du Mexique.
PERSPECTIVES POUR LE SECTEUR MEXICAIN DU CAFÉ
"Le café ne peut pas évoluer uniquement dans une perspective commerciale. Il doit faire un pas vers l'humanité."
On peut observer une nouvelle approche plus soucieuse de la qualité, avec notamment l’expérimentation de nouvelles méthodes de préparation pour atteindre le marché du café de spécialité, ainsi que la résilience de certains producteurs. Avec le soutien de divers types d’organisations (coopératives, entreprises), ils tentent de conserver les variétés traditionnelles, d’améliorer les pratiques agricoles afin d’améliorer la qualité et la productivité.
(Quelques exemples d'organisations de ce type: Femcafé, Yomolatel, Capeltic, Caravela Coffee, Cafeologo)
Ces nouvelles organisations apportent en outre une perspective de genre, de justice sociale et alimentaire et de droits de l'homme.
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
- www.directoalpaladar.com.mx/ingredientes-y-alimentos/cuales-diferentes-tipos-cafe-que-se-cultivan-mexico
- www.amcce.org.mx/letras-de-cafe/post/la-historia-del-cafe-en-mexico
- www.jornada.com.mx/ultimas/2018/11/10/variedad-robusta-de-cafe-invade-a-mexico-alertan-6199.htmlhttps://heraldodemexico.com.mx/mer-k-2/mexico-potencia-en-produccion-de-cafe-a-nivel-mundial/
- vanguardia.com.mx/articulo/cafe-mexicano-con-aroma-crisis
- Extrait de l'interview de Manuél Garcia Estrada - directeur de l'Académie des Arts et Sciences du Café et du Rococo Café Espresso - disponible sur notre chaîne YouTube