Le Café en Ethiopie

90% de la production de café en Ethiopie provient de petits producteurs de moins de 2 ha, le café de forêt (plantations appartenant à l'État) et les plantations de plus grande ampleur (coffee estates) représentant le reste. La production annuelle de l’Éthiopie avoisine les 449 000 tonnes métriques, selon l’Autorité éthiopienne de développement et de commercialisation du café et du thé. Environ 50% de la production totale est consommée localement.
SYSTÈME DE COMMERCIALISATION
Trois types d'organisations peuvent vendre du café en Ethiopie:
- les producteurs indépendants (exploitants d'au moins 2 ha).
- les Unions: Groupes de coopératives rassemblant des producteurs disposant de moins de 2 ha de terres dédiées au café (communément appelé café de jardin).
Dans ces deux cas, il est possible d'exporter directement et de fournir une traçabilité complète sur les lots de café.
- l'Ethiopian Commodity Exchange (ECX)
La règle de l'ECX, un système commercial complexe
De 2008 à 2017, l'Ethiopian Commodity Exchange (ECX) a imposé à toutes les stations de lavage privées, autres que les Unions, de vendre leur café par son intermédiaire. Ce modèle a été initialement imaginé pour faciliter l'accès au marché des stations de lavage privées et des domaines privés dépourvus de l'infrastructure et pour assurer aux producteurs un prix minimum en évitant les commissions de multiples intermédiaires. Il a également donné à l'administration éthiopienne un contrôle et un quasi monopole sur le marché intérieur et extérieur. L'ECX est doté de bureaux régionaux chargés du contrôle de qualité et de la classification selon le potentiel qualitatif en tasse (Q1 pour la meilleure qualité, Q2, Q3, etc.) et la région de production (Jimma, Yirgacheffe, Harrar). C'est sur la base de ces informations que les exportateurs agréés peuvent acquérir les cafés aux enchères publiques quotidiennes d'Addis .
Ce modèle a toutefois montré ses limites sur au moins deux aspects importants:
La traçabilité
Il est devenu impossible d’obtenir des informations sur une coopérative ou une station de lavage spécifique associée à un lot. De plus, lorsque des sacs de café provenant d'une station de lavage sont déchargés de leur camion pour opérer le contrôle de qualité dans les bureaux régionaux, ils sont malheureusement mélangés à des cafés de la même région et du même niveau de qualité. Il est donc impossible de connaître l'origine exacte et d'avoir un café ECX 100% pure origine. Les acheteurs ne peuvent se fier qu’au nom de la région retenu par l'ECX (Kochere, Limu, Lekempti).
La qualité
Une qualité moyenne est devenue suffisante pour un grade d'enchère donné par l'ECX. Et avec un prix de marché actuellement faible, difficile de motiver les producteurs à rechercher une meilleure qualité. Notez par ailleurs qu'il n'est toujours pas possible pour les acheteurs de goûter le café avant la vente aux enchères. Ils ne peuvent se fier qu'à l’apparence physique et au score de l'ECX.
Heureusement, tenant compte des critiques du secteur privé et de la perte potentielle de revenus d'exportation face à des acheteurs mécontents, l'ECX a peu à peu développé un système plus transparent reposant sur les nouvelles technologies. Ainsi, grâce au nouveau système d’enchères électroniques, il est désormais possible de savoir de quel district (woreda) ou quelle station de lavage proviennent les lots de café. L'ECX fournit également des informations complémentaires telles que les taux d'humidité et d'activité de l'eau. Il pourrait même bientôt permettre aux acheteurs de goûter les cafés avant la vente.
En outre, suite à l'adoption d'une nouvelle législation, les producteurs privés, les stations de lavage et désormais même les petits exploitants de plus de 2 ha, peuvent vendre leur café directement aux acheteurs internationaux sans passer par l'ECX et fournir aux acheteurs une traçabilité complète et un café pure origine.
RÉGIONS DE CAFÉ

UN PEU D'HISTOIRE
L’Éthiopie est unanimement reconnue comme terre de naissance du café. Selon la légende, un éleveur de chèvres éthiopien nommé Kaldi aurait, au IXe siècle, découvert le café en remarquant que ses chèvres "dansaient" après avoir consommé des grains de café sauvage. Par ailleurs, le mot "café" proviendrait de "Kaffa", le nom d'une région éthiopienne célèbre pour son café de forêt sauvage.
LES DÉFIS DE L'INDUSTRIE DU CAFÉ EN ETHIOPIE
La productivité
Malgré le potentiel énorme de production en Éthiopie, le rendement moyen reste très faible, à 0,72 tonne par hectare.
Le café subit une concurrence croissante de Khat, une plante à effets narcotiques, dans différentes régions du pays et en particulier dans la région de Hararge. Le khat est préféré par de nombreux agriculteurs car il est plus rentable et procure un revenu régulier tout au long de l’année.
La faible productivité est également le résultat d'une mauvaise gestion, de mauvaises pratiques agronomiques avec notamment des arbres mal taillés à faible rendement et un accès limité aux variétés améliorées développées par le Centre de recherche agricole de Jimma.
Des initiatives sont toutefois prises pour améliorer la productivité, comme décrit dans un rapport publié par l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture:
" (...) 15 producteurs formés aux méthodes modernes d’agriculture, sont encouragés à les montrer à leurs voisins... Avec des pratiques améliorées et de meilleures variétés, les producteurs pourraient produire dix quintaux par hectare, contre six quintaux par hectare avec l'ancienne méthode..."
Une filière à structure complexe
Le secteur du café en Éthiopie intègre un grand nombre d'intermédiaires et reste en grande partie contrôlé par l'État. Des licences sont requises pour chaque activité de la filière.
La plupart des producteurs en outre ne reçoivent toujours pas le fruits de leur travail, les bénéfices liés à le vente de café.
Manque de soutien aux agriculteurs
Pas d'accès au crédit pour couvrir les coûts de production, les investissements liés au process et au marketing.
Prix bas et manque de pouvoir de négociation
Même si d'avantage de producteurs ont théoriquement accès à l'export direct et donc à de potentiels meilleurs prix, ils doivent acquérir de nouvelles compétences, en particulier s’ils veulent mettre l’accent sur la qualité: aptitudes sensorielles, compréhension du marché, connaissances nécessaires pour mieux se positionner et renforcer leur capacité de négociation.
Il est également nécessaire d'assurer une meilleure redistribution du prix et de s'assurer par exemple que la prime payée pour les cafés de spécialité ou certifiés, parvienne effectivement aux producteurs et ne reste pas exclusivement dans les mains d'un intermédiaire un peu trop gourmand.
Manque de main d'oeuvre et secteur vieillissant
Les enfants issus de familles productrices de café, constatant les difficultés de leurs familles, choisissent souvent de migrer vers la ville pour trouver de meilleures opportunités.
Difficulté croissante en outre à trouver des cueilleurs pour la récolte,qu'il faudra aussi former à la cueillette sélective.
Changement climatique
Hausse de la température et diminution des précipitations
Le changement climatique est responsable de sécheresses occasionnelles et de précipitations irrégulières, entraînant des récoltes mauvaises et tardives, la dégradation des terres, l'exposition à la maladie des baies du caféier et à la diminution des terres favorables aux plantations de café.
La déforestation
L’Éthiopie a déjà perdu 60% de son café forestier au cours des 40 dernières années en raison de la déforestation, une tendance qui devrait s’accélérer avec le changement climatique.
Pour lutter contre le changement climatique, le pays doit diversifier les systèmes de production de café, diversifier les ressources génétiques du café, renforcer les instituts de recherche sur le café, améliorer les pratiques de conservation des sols et de l'eau et utiliser des systèmes d'irrigation économisant de l'eau dans les zones soumises à l'humidité.
FORCES DU CAFÉ ÉTHIOPIEN
Sa grande diversité de profils due à la grande variété de climats, sols, précipitations moyennes, altitudes, reliefs, températures.
L’Éthiopie bénéficie de conditions de croissance optimales dans l’ensemble du pays, avec des altitudes allant de 1 200 à 2 750 m.a.n.m., des précipitations moyennes d’environ 2000 mm / an et des températures comprises entre 15 et 25 ° C. Les chaînes de montagnes que l'on trouve en Éthiopie entretiennent des forêts tropicales, tandis qu'il existe également des zones subtropicales.
La plupart du café éthiopien est actuellement cultivé de manière biologique sans utilisation de pesticides.
Références:
- Essays, UK. (November 2013). Challenges and Opportunities of the Ethiopian Coffee Sector. Retrieved from https://www.ukessays.com/essays/economics/challenges-opportunities-ethiopian-coffee-6395.php?vref=1
- www.perfectdailygrind.com/2017/05/main-challenges-faced-coffee-producers/
- www.xinhuanet.com/english/2018-04/16/c_137115646.htm
- www.fao.org/docrep/003/x6939e/X6939e12.htm
- www.ifpri.org/blog/ethiopias-coffee-farmers-struggle-realize-benefits-international-markets
- www.sustainableharvest.com/blog/a-new-era-for-ethiopian-coffee
- www.32cup.com/changes-in-ethiopian-coffee-structure/
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Période de récolte | Octobre à Février
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Altitude | 1200 à 2750 m.a.n.m.