Contexte

Le café c’est aussi une matière agricole exigeante – elle ne pousse que sous les tropiques – soumise aux aléas géographiques et climatiques, et ainsi dépendante du bon vouloir de Dame Nature.
Le café c’est enfin le fruit du travail de l’homme.
Depuis sa mystérieuse origine et sa découverte par le berger Kaldi en Abyssinie (actuelle région de Kaffa en Éthiopie) jusqu’à son implantation dans le reste de l’Afrique, aux Antilles, aux Amériques et au sud-est asiatique, leurs destins sont intrinsèquement liés.
Les problématiques et enjeux auxquels doit aujourd’hui faire face l’homme concernent aussi le café. Face au modèle tout commercial poussant les prix vers le bas, adepte de la monoculture et de la vision court-termiste, producteur et reproducteur d’inégalités sociales, économiques et culturelles au niveau national et international, une « nouvelle vague » est apparue tentant de proposer plusieurs alternatives. Apparaissent alors d’autres mots, d’autres valeurs : qualité, durabilité, biodiversité, transparence, traçabilité, redistribution, education, empowerment, responsabilité, autonomie etc…
Mais ces propositions offrent-elles réellement une alternative au modèle traditionnel en vue d’établir un nouveau paradigme? Ou est-ce un leurre, une douce illusion que l’on consent à accepter pour se donner bonne conscience?
Voilà la source de mon inquiétude. Voilà d’où naît l’envie d'aller poser directement la question aux concernés, dans une démarche d'investigation.
A travers ce tour du monde du café, cette analyse de terrain dans des pays producteur de café, je souhaite étudier le lien qui unit les populations des différents pays visités à la culture du café afin de comprendre les motivations des producteurs face à des enjeux actuels très complexes parmi lesquels:
- le fait que le café est une plante extrêmement exigeante qui demande beaucoup de
soins et de main-d'œuvre pour assurer une qualité constante sur un long terme ;
- les risques et enjeux du réchauffement climatique, la multiplication des maladies,
parasites… Et les solutions proposées par la recherche scientifique
(ex:l’agroforesterie) ;
- la nécessité et les problèmes liés au développement d'une agriculture raisonnée
voire d’une évolution vers une production bio ;
- le questionnement des systèmes de certification et ce que ça implique/ impose/
apporte aux producteurs?
- la nouvelle génération du café de spécialité propose-t-elle une réponse
satisfaisante et dans quelles mesures?
Chercher à comprendre finalement ce qui motive les producteurs à continuer et à se battre chaque jour pour produire du café.
Est-ce lié à un besoin de se rassurer sur l'existence d'un lien, d'une relation qui ne serait pas que mercantile et intéressée entre l'homme et le café, ce produit qui nous passionne autant?
C’est possible, oui. Mais ce qui réellement motive ce voyage, c’est d’aller à la rencontre de ces femmes et ces hommes qui mettent chaque jour autant de cœur à l’ouvrage et travaillent ce produit exigeant avec autant de dévouement.
Ce voyage est une démarche avant tout personnelle avec une volonté de donner une portée informative. Si mes préoccupations et questionnements peuvent aboutir à une meilleure compréhension du produit; si ma réflexion éveille l’intérêt du public plus ou moins averti sur les réalités complexes qui se cachent derrière une tasse de café... j’aurais atteint un des mes objectifs.