Le Café en Indonésie

Le robusta étant plus adapté aux terres de basse altitude, aux températures élevées, à l'intense humidité ambiante et aux précipitations importantes, son volume de production est six fois supérieur à celui de l'arabica et a représenté environ 14% de la production mondiale en 2016.
Le café est actuellement le quatrième produit agroalimentaire le plus exporté du pays, après l’huile de palme (49,2%), le poisson et les crustacés (8,5%) et le cacao et préparations à base de cacao (4,2%).
Malgré les facteurs géographiques et environnementaux qui soutiennent la production de Robusta, il existe plus de 20 variétés différentes de café Arabica cultivées commercialement en Indonésie. Ce dernier, considéré comme un produit plus fin que le robusta bas de gamme utilisé pour la préparation du café instantané, permet d'obtenir des prix plus élevés sur le marché mondial.
Cela a conduit les agriculteurs et le gouvernement à privilégier la culture d'arabica, qui représente aujourd’hui environ 14% de la production totale, contre 7% seulement en 2000.
Sur ce total, on estime que 154 800 tonnes ont été destinées à la consommation intérieure au cours de l'exercice 2013/2014. 25% des exportations sont de l'arabica, 75% du robusta.
REGIONS DE PRODUCTION

Les principales zones de production de robusta se trouvent au sud de Sumatra (Lampung) et à l'est de Java (Malang, Dampit).
Le café arabica pousse dans les hautes terres au nord de Sumatra (Aceh, Gayo, Mandheling, Lintong, Karo), à l'est et l'ouest de Java (Ijen, Bandung), au sud de Sulawesi (Célèbes, Toraja), à Bali (Kintamani), Flores, et enfin, sur les îles de Timor et de Papua .

UN PEU D'HISTOIRE
La culture du café en Indonésie a commencé à la fin du 17ème siècle, au début de la période coloniale néerlandaise. Les premiers plants ont été introduits dans la ville de Batavia (Jakarta) sur l'île de Java. Les arbres ont grandi, permettant en 1711 aux premières exportations du port de Batavia d'être expédiées en Europe par la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, connue sous les initiales néerlandaises VOC (Vereeningde Oost-Indische Company), de sorte que 2 000 livres ont été expédiées en 1717. L'Indonésie devint alors le premier endroit, en dehors de l'Arabie et de l'Ethiopie, où le café était largement cultivé.
À cette époque, les Indes orientales étaient le plus important fournisseur de café au monde et ce n’est que dans les années 1840 qu’elles ont été éclipsées par le Brésil.
Au milieu des années 1870, les Indes orientales néerlandaises étendirent les zones de production de café arabica.
À Sulawesi, le café aurait été planté vers 1850.
Dans le nord de la Sumatra, le café a d'abord été cultivé près du lac Toba, puis dans le massif de Gayo (Aceh) vers 1924.
À cette même époque, le café était également cultivé dans l'est de l'Indonésie sur Timor et Flores. Ces deux îles étaient à l'origine sous contrôle portugais et le café cultivé était également de l'espèce C. arabica, mais de racines et variété différentes.
À la fin du XVIIIe siècle, les colonisateurs hollandais ont établi de grandes plantations de café sur le plateau d'Ijen, à l'est de Java. Cependant, le désastre survint en 1876, lorsqu'une épidémie de rouille du caféier dévasta les plantations, anéantissant la majeure partie du cultivar Arabica Typica.
Le café robusta (C. canephora. Robusta) a été introduit à Java oriental en 1900 en tant que substitut, surtout à basse altitude, où la rouille était particulièrement dévastatrice. D'abord introduit autour de Kerinci vers 1915 pour les petits exploitants, il s'est rapidement répandu dans le sud de Sumatra (Lampung) au cours des années 1920, où la production a rapidement éclipsé Java. La région reste aujourd'hui la plus importante région productrice en volume.
Le café arabica du nord de Sumatra est aujourd'hui le plus célèbre au monde. Non seulement parce que la productivité et le niveau des exportations de cette région sont les plus importants, mais aussi grâce à sa technique de préparation unique : le giling basah (décorticage humide). Suivant cette méthode, les grains en parche sont décortiqués à un niveau d'humidité compris entre 30 et 35% (au lieu de 12 à 14% normalement). Le procédé a été introduit pour accélérer le processus de séchage dans les régions où les précipitations sont abondantes et le taux d’humidité élevé.

Au stade de grain vert, le café de cette région a une couleur bleuâtre distincte, qui est attribuée à la méthode de traitement et au manque de fer dans le sol. On dit également qu'il donne un profil particulier avec des notes de cacao, de tabac, de fumée, de terre et de cèdre.
VARIÉTÉS
Aujourd'hui, plus de 20 variétés de Coffea arabica sont produits commercialement en Indonésie. Ils se répartissent en six catégories principales:
- Typica - c'est le cultivar original introduit par les Hollandais. Une grande partie du Typica a été dévasté à la fin des années 1880, lorsque la rouille des feuilles du caféier a balayé l'Indonésie. Cependant, les variétés de Typica Bergandal et Sidikalang sont toujours présentes à Sumatra, en particulier à haute altitude.
- Hibrido de Timor (HDT) - Cette variété, également appelée "Tim Tim", est un croisement naturel entre Arabica et Robusta. Cette variété est probablement issue d'un seul caféier planté en 1917-18 ou 1926. Le HDT a été planté à Aceh en 1979.
- Linie S - Il s'agit d'un groupe de variétés développé à l'origine en Inde à partir du cultivar Bourbon. Les plus courants sont les S-288 et S-795, que l'on trouve à Lintong, Aceh, Flores et dans d'autres régions.
- Lignées éthiopiennes - Rambung et Abyssinia, qui ont été ameneés à Java en 1928, ont également été acheminés à Aceh. Un autre groupe de variétés éthiopiennes trouvées à Sumatra s'appelle "USDA", d'après un projet américain qui les a amenées en Indonésie dans les années 1950.
- Culturars Caturra - Caturra est une mutation du café Bourbon, originaire du Brésil.
- Mundo Novo - Un croisement naturel entre Typica et Bourbon, découvert à l'origine au Brésil. Des graines provenant de Thaïlande ont récemment été introduites dans les hautes terres du mont Puntang, district de Bandung, Java occidental.
- Lignes Catimor - Ce croisement entre arabica et robusta est réputé pour sa saveur médiocre. Cependant, il existe de nombreux types de Catimor, y compris celui que les agriculteurs ont appelé "Ateng-Jaluk". Des recherches en cours à Aceh ont révélé des variétés de Catimor adaptées aux conditions locales.
DÉFIS DE L'INDUSTRIE DU CAFÉ EN INDONÉSIE
Manque de structuration du secteur de production
90% de la production de café indonésien provient de petits agriculteurs de moins de 1 ha. Le secteur de la production est très fragmenté avec encore un nombre limité de coopératives ou de groupes d'agriculteurs. La plupart des agriculteurs vendent généralement directement leurs cerises à des "collecteurs" qui se chargeront du process, puis vendront les grains aux exportateurs. Certains agriculteurs s'occupent eux-mêmes manuellement de la préparation du café (traditionnellement selon la méthode de traitement par voie humide), mais seulement pour une quantité très limitée, car ils ne disposent pas des installations et du matériel nécessaires pour faire face à des volumes plus importants. Par conséquent, il est difficile d’assurer une qualité et un niveau de productivité constants.
Manque de productivité
Sur cette question, tous les acteurs de la chaîne sont d’accord. Producteurs, coopératives, exportateurs, experts du café, pouvoirs publics, ONG ... Tous évoquent le problème des faibles rendements et accusent principalement les facteurs climatiques (sécheresses et pluies extrêmes affectant la floraison et la maturation des cerises de café), le manque de taille, de désherbage et d'intrants agricoles.
Le rendement annuel moyen est d'environ 570 kg / ha, un niveau stagnant depuis 2005. Certains agriculteurs spécialisés dans la culture du café peuvent atteindre jusqu'à 800 kg / ha. Encore très loin de leur voisin champion de production de robusta de très faible qualité (le Vietnam) qui atteint des volumes de 2400 kg / ha.
Certains acteurs importants du secteur ont mis en œuvre des programmes d’action sur le terrain afin d’améliorer la productivité du café robusta grâce à la formation des agriculteurs à de bonnes pratiques agricoles (BPA). Cela comprend une éducation sur le contrôle de l'érosion, la nutrition du soil, le compostage, le désherbage, l'élagage, la plantation, la gestion de l'ombre, la lutte contre les parasites et les maladies, l'injection d'engrais et d'autres intrants agricoles (de préférence non chimiques). L’accès au financement, la structuration du secteur et l’investissement dans des installations de post-récolte font généralement aussi partie de ces programmes.
Élargir l'accès au financement
La faible productivité du secteur laisse les agriculteurs avec des revenus et des flux de trésorerie limités, ce qui freine par conséquent les investissements dans les technologies, les installations et les équipements susceptibles de contribuer à résoudre le problème de productivité. Assurer un accès adéquat au financement et informer les agriculteurs des avantages potentiels des investissements contribuerait à soutenir le secteur.
Améliorer la collaboration entre les petits agriculteurs.
Le secteur étant peu structuré, il y a également un manque de collaboration entre les agriculteurs. Il existe des initiatives encore marginales, visant à renforcer la collaboration grâce au développement de petites coopératives dans tout le pays. Cela prendra du temps, mais cette forme de gestion collective pourrait offrir la capacité financière d’investir dans des machines adéquates et qualitatives ou dans d’autres produits permettant d'améliorer la qualité et la productivité.
> Investir dans des infrastructures adéquates
Le secteur du café indonésien est fortement tributaire des transports routiers et fluviaux.
L’infrastructure portuaire et routière relativement sous-développée du pays, que les entreprises utilisent pour acheminer des intrants dans le pays et expédier le café à leurs acheteurs, a un impact négatif. Le gouvernement doit intervenir pour soutenir le secteur sur ces aspects.
FORCES DU CAFÉ INDONÉSIEN
La croissance exceptionnelle de la production du pays au cours de la dernière décennie. Aucun des cinq autres plus grands producteurs de café au monde n’a connu de gains aussi importants
que l'Indonésie au cours de la dernière décennie.

Consommation domestique
Alors que les exportations de café ont augmenté en moyenne de 5,5% par an depuis 2000, la consommation intérieure de café a augmenté de 6,9% en moyenne. Cela est dû en premier lieu à l'augmentation de la population (de 210 millions de personnes en 2000 à environ 260 millions aujourd'hui). Deuxièmement, la consommation de café par habitant a fortement augmenté, conséquence directe du développement économique de l’Indonésie, de la hausse des revenus et de l’émergence d’une classe moyenne en pleine croissance.
Capacité d'exportation
Les marchés étrangers représentent toujours la plus grande part de la production de café indonésien. Au cours des cinq dernières années, les producteurs indonésiens ont exporté en moyenne 2 kg de café par kilo consommé dans le pays.
REFERENCES
- Coffee map:
cartoffel.com/portfolio/indonesia-coffee-growing-regions/ - en.m.wikipedia.org/wiki/Coffee_production_in_Indonesia
- espressocoffeeguide.com/gourmet-coffee/asian-indonesian-and-pacific-coffees/indonesia-coffee/#sumatra-coffee
- An Analysis of the Global Value Chain for Indonesian Cofee Exports, The Conference Board of Canada, 2018
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Période de récolte
Sumatra | Octobre à avril
Java / Bali / Flores | Avril à octobre
Sulawesi | Juin à décembre
Papouasie | Mai à août
Timor | Mai à septembre
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Altitude
Arabica | 1 000 à 2 000 m.a.n.m.
Robusta | 100 à 1200 m.a.n.m.